Nous manipulons tant d'abstractions en permanence que c'est comme si nous vivions sans rapport avec cette terre qui soutient nos pas à chaque instant. Cela explique peut-être pourquoi il nous est possible de ne pas trop penser à l'étendue de la dévastation écologique causée par notre civilisation hautement technologique. Les peuples premiers par contre ressentent avec acuité les modifications de leur environnement et souffrent dans leur chair de le voir se détériorer.
Les hommes des cultures orales connaissent très bien l'expérience primordiale de l'écoulement du temps à travers un vécu dans l'étendue de la terre vivante. La plupart de nos philosophes n'en soupçonnent même pas l'existence et certains que nous citons ici ont passé leur vie à la rechercher. Quant à la science moderne, elle nous enjoint de ne pas faire confiance à notre expérience immédiate mais plutôt à des outils technologiques ou des théories scientifiques. Heidegger soupçonnait que le présent recelait également une dimension invisible, cachée, énigmatique. Où donc pouvait-elle se trouver, comment mes sens peuvent-ils l'appréhender? Ce n'est pas le paysage visible puisqu'il se donne à ma vue. C'est pourtant bien dans le paysage et même à fleur de peau que se trouve cette dimension. C'est l'invisilibilité de l'air. Tiré de l'épisode 4 au sujet du livre de D. Abram, Comment la terre s'est tue. Abonnez-vous ici. Les commentaires sont fermés.
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